#Rentrez2022, le road-trip

(Où l’on fait non pas le bilan mais au moins la rétrospective de ces kilomètres avalés sur les routes de l’Ouest, de cette valise 14 fois déballée, de ces livres lus, commentés, discutés, espérés, qu’on a découvert et qu’on a fait découvrir, dans le vif du vivant, car pour citer ce qu’en dit le cher Pascal Arnaud, au cœur de l’article, « Le fait de puiser dans ta valise un livre (forcément surprise) dont le public ne sait rien maintient la curiosité en éveil tout le temps que dure ton intervention. Enfin, pour moi, cette manière de faire est sans pareille » (Merci à lui).
La liste de base, d’où les sessions partaient et toujours revenaient (en invitant d’autres livres et auteurs parfois, de Pierre Ducrozet à Victor Jestin en passant par Alice Zeniter ou Lola Lafon), restera celle là-bas, ci-dessous…
Merci à toutes celles et ceux qui y contribuèrent :auteurs éditeurs relation presse ou libraires… ce travail est de longue haleine et s’inscrit dans une chaine de relations… celle du livre et de sa médiation.)

Récit de quatorze valises ouvertes dans des bibliothèques, un automne de livres parlés.

La rentrée de cet automne est présentée là – adossée à d’autres sélections et programmations (dont celle réservée au master Limès, à Poitiers. https://rentrez.wordpress.com/2022/08/31/rentrez-2022-50-livres-50-editeurs/ )
#justintime #31aout #rentrez #rentréelitteraire 2022

7e édition de cette tournée de rentrée.

14 médiathèques en pays de Loire.

Depuis l’an passé, on y ajoute cette répartition 1 livre / par éditeur. Cette contrainte objective permet d’offrir un panorama de l’offre éditoriale, à rebours de la force de frappe médiatique. Pour le reste, place à la diversité… La valise ainsi constituée, ouverte dans 14 médiathèques cet automne, offre des plaisirs variés – de parole, de partage, d’échange. Au départ, tous ces livres sont sur ma pile, une moitié entièrement lus, les autres en cours / le critère essentiel est subjectif : il faut qu’ils m’aient emporté, que je sache pouvoir les reprendre et m’y retrouver. D’avoir quelque chose à en dire, à dire de cette expérience singulière qu’est la lecture, d’un livre en particulier, de ce livre-là. (Et pour les deuils qu’elle impose face à des bouquets de parutions aussi fastueux que ceux de L’Olivier ou du Seuil, par exemple, où retenir un seul titre fut douloureux ; la sélection du Limès et ma programmation pour Saint-Étienne leur ont offert des « places » en sus, et me voilà soulagé).

Les 50 romans étaient :

Kaouther ADIMI, Au vent mauvais (Seuil) /Claire BAGLIN, En salle (Minuit) / Lana BASTASIC, Attraper le lapin traduit du serbo-croate par Aleksandar Grujicic avec Isabelle Liber (Gaïa) / Lucas BELVAUX, Les Tourmentés (Alma) / Violaine BEROT, C’est plus beau là-bas (Buchet-Chastel) / Luc BLANVILLAIN, Pas de souci (Quidam) / Miguel BONNEFOY, L’Inventeur (Rivages) / Fabrice CAPOZZANO, Le Ventre de la péniche (Au diable Vauvert) / Paco CERDA, Le Pion, traduit de l’espagnol par Marielle Leroy (La contre-allée) / Sandrine COLLETTE, On était des loups (J-C. Lattès) / Bérengère COURNUT, Zizi cabane (Le Tripode) / Paule DARMON, Robert de Niro, le Mossad et moi (L’Antilope) / Charles DICKENS, De grandes espérances, Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif (Tristram) / Tom DRURY, Le Ruisseau noir, traduit de l’anglais (US) par Nicolas RICHARD (Cambourakis) / Arnaud DUDEK, Le cœur arrière (Les Avrils) / Sabyl GHOUSSOUB, Beyrouth-sur-Seine (Stock) / Brigitte GIRAUD, Vivre vite (Flammarion) / Valentine GOBY, L’île haute (Actes sud) / Sibylle GRIMBERT, Le Dernier des siens (Anne Carrière) / Tessa HADLEY, Free love, traduit de l’anglais par Hannah Faure (Bouquins) / Yannick HAENEL, Le trésorier payeur (Gallimard) / Nathan HARRIS La douceur de l’eau, traduit de l’anglais (US) par Isabelle CHAPMAN (Philippe Rey) / Anna HOPE, Le Rocher blanc, Traduit de l’anglais par Élodie Leplat Le bruit du monde / Joseph INCARDONA , Les corps solides (Finitude) / Thomas KING, Seuil de tolérance, traduit de l’anglais (Canada) par Daniel Grenier (Mémoires d’encrier) / Maria LARREA , Les gens de Bilbao naissent où ils veulent (Grasset) / Tiphaine LE GALL, Le principe de réalité ouzbèke (La Manufacture des livres) /Serguei LEBEDEV, Le débutant, Traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton (Noir sur blanc) /Ben LERNER, L’École de Topeka, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jakuta Alikavazovic (Christian Bourgois) / Jens LILJENSTRAND, Et la forêt brûlera sous nos pas, Traduit du suédois par Anna POSTER (Autrement) / Jared McGINNIS, Le Lâche, Traduit de l’anglais (US) par Marc Amfreville (Métailié) / Emilienne MALFATTO, Le Colonel ne dort pas (Sous-sol) / Marcus MALTE Qui se souviendra de Philly-Jo (Zulma) / Mikella NICOL, Les filles bleues de l’été (Le nouvel Attila) / Polina PANASSENKO, Tenir sa langue (L’Olivier) / Olivier PAQUET, Composite (L’Atalante) / Simon PARCOT, Le bord du monde est vertical (Le mot et le reste) / Anthony PASSERON, Les Enfants endormis (Globe) / Jurica PAVICIC, La femme du deuxième étage, traduit du croate par Olivier Lannuzel (Agullo) / Emmanuelle PIROTTE, Les Reines (Le Cherche-midi) / Laura POGGIOLI, Trois sœurs (L’Iconoclaste) / Laurence POTTE-BONNEVILLE, Jean-Luc et Jean-Claude (Verdier) / Sue RAINSFORD, Jusque dans la terre, Traduit de l’anglais (Irlande) par Francis Guèvremont (Aux Forges de Vulcain) / Lucie RICO, GPS (P.O.L) / Olivia ROSENTHAL, Un singe à ma fenêtre (Verticales) / Dominique SCALI, Les Marins ne savent pas nager (La Peuplade) / Anne-Sophie SUBILIA, L’épouse (Zoé) / Lucie TAIEB, Capitaine vertu (L’Ogre) / Taina TERVONEN, Les Otages, contre-histoire d’un butin colonial (Marchialy) / Kevin WILSON, Les enfants sont calmes, Traduit de l’anglais(US) par Christine BARBASTE (Robert Laffont)

Les 14 médiathèques accueillant « rentrez », cet automne 2022 :

Mardi 20 septembre, matinée pro «  Nos rentrées buissonnières  » 9h30-12h30 : Une matinée de rencontres pour les professionnels du livre proposée par la Bibliothèque départementale de Loire-Atlantique. Proposition de découverte ludique et gourmande, avec trois libraires indépendantes et de proximité, membres de l’ALIP : Les Lucettes (Sainte-Luce-sur-Loire), Le Lumignon (Nort sur Erdre) Lise et Moi (Vertou), de leurs choix de rentrées. 

Vendredi 9 septembre, 19h, Clisson (44)
Samedi 10 septembre, 10h30, Nort-sur-Erdre (44)
Samedi 10 septembre, 15h, Machecoul (44)
Mardi 13 septembre, 14h-16h, Cholet (49)
Mercredi 21 septembre, 20h, Le Landreau (44)
Samedi 24 septembre, 10h30, Savenay (44)
Mardi 27 septembre, Tours
Jeudi 29 septembre, Oudon (44)
Vendredi 30 septembre, 19h, Médiathèque Calliopé, Montaigu (85)
Mardi 4 octobre, Pontchâteau (44)
Vendredi 7 octobre, Orée d’Anjou (44)
Samedi 8 octobre, 15h, La Roche-sur-Yon en partenariat avec le Grand R (La Roche-sur-Yon, 85) et la librairie Agora, , avec à l’issue un entretien avec les éditions Quidam
Mercredi 20 octobre, Fontenay-Le-Comte (85)
Samedi 12 novembre, 15h, Saint-Jean-de-Monts (85)



Le road-trip #rentrez une deux trois (Clisson, Nort sur Erdre, Machecoul) –

Donner de la voix. (Pour démarrer, ouvrir la valise trois fois en 24h, y ai laissé ma voix, ce qui augura d’une semaine compliquée. Mais c’était vraiment bien, merci Emmanuelle & Pauline à Clisson, Emmanuelle et Mégane à Nort, Pauline à Machecoul). J’ai parlé d’appétit, de livres en cours de lecture et de la soif de les reprendre (le Dominique Scali à la Peuplade, réentamé deux fois et toujours interrompu en plein émerveillement) : cette sincérité-là est essentielle dans l’exercice, car il s’agit de parler de désir, et de ne pas verser dans l’injonction, ni l’argument d’autorité). Les photos dessus dessous disent bien le nombre et l’ampleur, disent aussi ceux qui déjà reviennent et s’imposent (et notamment à voix haute, pour Claire Baglin et Polina Panassenko ; mais aussi pour parler humour avec Luc Blanvillain et Lucie Rico ; ou simplement pour redire à quel point le livre de Brigitte Giraud est un grand livre).
J’aurai monté, lu et/ou parlé ce week-end là de : Kaouther ADIMI, Au vent mauvais (Seuil) / Claire BAGLIN, En salle (Minuit) /  Lucas BELVAUX, Les Tourmentés (Alma) / Violaine BEROT, C’est plus beau là-bas (Buchet-Chastel) / Luc BLANVILLAIN, Pas de souci (Quidam) / Miguel BONNEFOY, L’Inventeur (Rivages) / Fabrice CAPOZZANO, Le Ventre de la péniche (Au diable Vauvert) / Paco CERDA, Le Pion, traduit de l’espagnol par Marielle Leroy (La contre-allée) / Sandrine COLLETTE, On était des loups (J-C. Lattès) / Bérengère COURNUT, Zizi cabane (Le Tripode) / Paule DARMON, Robert de Niro, le Mossad et moi (L’Antilope) / Charles DICKENS, De grandes espérances, Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif (Tristram) /  Arnaud DUDEK, Le cœur arrière (Les Avrils) / Sabyl GHOUSSOUB, Beyrouth-sur-Seine (Stock) / Brigitte GIRAUD, Vivre vite (Flammarion) / Valentine GOBY, L’île haute (Actes sud) / Sibylle GRIMBERT, Le Dernier des siens (Anne Carrière) / Tessa HADLEY, Free love, traduit de l’anglais par Hannah Faure (Bouquins) / Yannick HAENEL, Le trésorier payeur (Gallimard) / / Anna HOPE, Le Rocher blanc, Traduit de l’anglais par Élodie Leplat Le bruit du monde / Joseph INCARDONA , Les corps solides (Finitude) /  Tiphaine LE GALL, Le principe de réalité ouzbèke (La Manufacture des livres) /Serguei LEBEDEV, Le débutant, Traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton (Noir sur blanc)  Emilienne MALFATTO, Le Colonel ne dort pas (Sous-sol) / Marcus MALTE Qui se souviendra de Philly-Jo (Zulma) / Polina PANASSENKO, Tenir sa langue (L’Olivier) / Olivier PAQUET, Composite (L’Atalante) / Simon PARCOT, Le bord du monde est vertical (Le mot et le reste) / Anthony PASSERON, Les Enfants endormis (Globe) / Laura POGGIOLI, Trois sœurs (L’Iconoclaste) / Laurence POTTE-BONNEVILLE, Jean-Luc et Jean-Claude (Verdier) / Sue RAINSFORD, Jusque dans la terre, Traduit de l’anglais (Irlande) par Francis Guèvremont (Aux Forges de Vulcain) / Lucie RICO, GPS (P.O.L) / Dominique SCALI, Les Marins ne savent pas nager (La Peuplade) / Anne-Sophie SUBILIA, L’épouse (Zoé) / Lucie TAIEB, Capitaine vertu (L’Ogre)

#rentrez, quatre – Cholet, médiathèque Elie-Chamard, mardi 12 septembre
Ouvrir la valise de rentrée, pour une assemblée d’une bonne trentaine de bibliothécaires et bénévoles du réseau de médiathèques de la ville. L’une d’elle est ennuyée d’avoir oublié son stylo : je rappelle le blog rentrez.wordpress.com où retrouver les 50 livres en photo, et surtout que n’est pas un cours magistral, mais avant tout un partagé, que lal liste des 50 n’est pas un top ni une injonction (on n’en plus des charts, palmarès, todolistes), mais une ouverture, une proposition. Une pile à lire pour moi, aussi, de l’en cours, c’est à dire du désir de lecture – je montre le Tiffany Mc Daniel (Gallmeister) et le Dominique Scali (La Peuplade), explique ce que j’en ai lu, où j’ai été interrompu, et ma hâte de les reprendre bientôt, tant apportent une teinte particulière à ma valise, à ma saison ; un accent qui sinon y manquerait. Je rappelle les contraintes objectives, et d’abord celle du 50livres/50 éditeurs, avec ce qu’elle impose de deuils : pour cela j’entame avec Flammarion, dont j’aurais pu choisir le Victor Jestin (que j’interviewerai à la Vie Devant soi en novembre), le Alice Zeniter (que j’interrogerai à Besançon ce week-end — mais le livre est un essai), le Sonia Devillers (qui viendra converser avec Lola Lafon, dont nous parlons aussi, à Saint Etienne — mais c’est un ? Document ? Une enquête?), et puis bref, j’ai choisi le Brigitte Giraud, dont je lis une page, et qui est un livre obstinément humble, obstinément grand – qui s’agrandit en nous après lecture, et agrandit notre lecture du monde, trouvé-je. Et puis rire, ensuite, en expliquant à quel point Luc Blanvillain est un maître d’un art noble et sous-estimé, extrêmement difficile, celui de la comédie, j’évoque Le répondeur (2020) et développe Pas de souci (2022) et la joie profonde, je souligne profonde, parce que l’épaisseur des personnages y est primordiale et permet que l’ingéniosité scénaristique ne tourne jamais à vide ; que la bonne idée aboutisse, produise, du plaisir et du sens. Et puis rire, encore, un lisant à voix haute Polina Panassenko, en résumant Lucie Rico, en lisant à voix haute La première lettre et première page du principe de réalité ouzbèke, de Tiphaine Le Gall (La Manufacture des livres). Lire des débuts (pas que des débuts) mais lire des débuts à voix haute, qui démontrent d’eux-même le charme, l’attraction, l’effet « courroie d’entrainement » qui fait qu’on ne lâche pas. Lire une page de Sandrine Collette le démontre pareillement, c’est implacable – et exemplaire : si ses livres se dévorent (nous dévorent), cela vient aussi de chaque phrase, au cordeau, de ce rythme implacable dans toute sa ponctuation. Et pour finir, lire un passage « frites » de Claire Baglin – c’est éloquent, elle a trouvé dix quinze nouveaux lecteurs illico. À suivre, donc, une semaine plus tard au Landreau (44) –

#5 Le Landreau

La valise est grande et de fait accueillante, voilà ce que j’explique aux quelques présent.e.s en avance ce soir au Landreau, et ma contrainte objective de #50titres50éditeurs, si elle permet de trancher, oblige aussi, littéralement, à trancher – c’est à dire, à exclure. Pendant que la vie se fait, et que les occasions sont multiples de se faire rattraper par des livres, forces de désir. Ainsi d’Actes Sud, dont je n’ai pas choisi le Pierre Ducrozet (après avoir tant promené ses deux précédents romans), mais qu’une conversation publique à Besançon avec l’excellent Sébastien Ménestrier (Zoé)) m’a servi de prétexte à reprise en main… j’ai démarré par lire un peu de cette première naissance du Paul de ses merveilleuses Variations de Paul, synesthésique épopée au cœur du Xxème siècle et des musiques pop qu’il inventa… Puis j’ai sorti le Valentine Goby, livre prodige d’aisance et de don, tant il sait conter, l’enfance et la montagne (en en variant si habilement les modalités), les Justes taiseux et reculés qui surent se taire et sauver – et leur ai raconté par l’asthme, par le père cordonnier, dont le retour contraint au domicile impose l’exil à son fils Vincent, alias Vadim (de fait, juif et pas seulement asthmatique) ; cette majestueuse façon de passer l’information capitale par la voix d’un personnage qui sait les choses sans tout savoir (c’est de son âge). Et la montagne m’a fait enchaîner sur « Le bord du monde est vertical » de Simon Parcot, fascinant premier roman ; la cordée engendra l’équipée improbable du Capizzano, cette rock’n’roll cavale au ralenti à bord d’une péniche, qui me donne tant envie d’enfin plonger dans le Lana Bastasic chez Gaia pour attraper tous les lapins d’Alice, la cavale nous mena chez Sandrine Collette, dont il faut lire le texte à voix haute pour comprendre comment ça fonctionne, cette diabolique emprise qu’elle produit sur ses lecteurs. Comme j’ai lu ensuite à voix haute Polina Panassenko, Sabyl Ghoussoub, Tiphaine Le Gall, Lucie Rico, pour ponctuer, rythmer, faire mouche – au bout de deux heures ils avaient des gommettes à poser sur des fiches pour les acquisitions à venir de la médiathèque – gageons aussi que la conviction mise à faire entendre la rythmique de Claire Baglin pour dire le boulot au fast food l’aura précipité dans ces liste d’achat. Furent évoqués, louangés, pointés, les livres suivants :

BAGLIN Claire En salle Minuit BASTASIC Lana Attraper le lapin traduit du serbo-croate par Aleksandar Grujicic avec Isabelle Liber Gaïa BELVAUX Lucas Les Tourmentés Belgique Alma BEROT Violaine C’est plus beau là-bas Buchet Chastel BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam BONNEFOY Miguel L’Inventeur Rivages CAPIZZANO Fabrice Péniche Au diable Vauvert CERDA Paco Le Pion traduit de l’espagnol par Marielle Leroy La contre-allée COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès COURNUT Bérengère Zizi cabane Le Tripode DARMON Paule Robert de Niro, le MOSSAD et moi L’Antilope DICKENS Charles De grandes espérances Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif Tristram DUDEK Arnaud Le cœur arrière Les Avrils GHOUSSOUB Sabyl Beyrouth-sur-Seine Stock GIRAUD Brigitte Vivre vite Flammarion GOBY Valentine L’île haute Actes sud INCARDONA Joseph Les corps solides Suisse Finitude LE GALL Tiphaine Le principe de réalité ouzbèke La Manufacture des livres LEBEDEV Serguei Le débutant Traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton Noir sur blanc LILJENSTRAND Jens Et la forêt brûlera sous nos pas Traduit du suédois par Anna POSTER Autrement MALFATTO Emilienne Le Colonel ne dort pas Sous-sol MALTE Marcus Qui se souviendra de Philly-Jo Zulma PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier PAQUET Olivier Composite L’atalante PARCOT Simon Le bord du monde est vertical Le mot et le reste PASSERON Anthony Les Enfants endormis Globe POGGIOLI Laura Trois sœurs L’Iconoclaste POTTE-BONNEVILLE Laurence Jean-Luc et Jean-Claude Verdier RAINSFORD Sue Jusque dans la terre Traduit de l’anglais (Irlande) par Francis Guèvremont Aux Forges de Vulcain RICO Lucie GPS P.O.L MACDANIEL Tiffany L’été où tout a fondu Gallmeister

 

#RENTREZ, épisode 6 – SAVENAY

 

« Si on t’enfermait pour un temps indéterminé et dans une totale solitude, sans contact avec l’extérieur, mettrais-tu toute ton énergie à essayer de comprendre qui a mis en œuvre ta séquestration et pourquoi ? Ou alors, renonçant au pourquoi, chercherais-tu en toi des moyens de supporter l’avenir ? Compterais-tu les secondes, les minutes, les heures ? Essayerais-tu d’énumérer dans ta tête tous les pays que tu as visités ? Tous les gens que tu as connus ? Parcourrais-tu en esprit tous les logements que tu as habités et toutes les pièces de ces logements ? Regarderais-tu les moindres aspérités de ta cellule, les moindres changements de lumière ? Et comment procèderais-tu si on te retenait dans le noir ? À quel type d’exercice mémoriel te livrerais-tu alors pour ordonner et rythmer les ténèbres ? » (Olivia Rosenthal, Un singe à ma fenêtre, Verticales-Gallimard, 2022)

 

Ce samedi matin, pour cette première à Savenay, je vais rejouer avec les qualificatifs, mais avant tout j’explique la contrainte objective, #50titres50éditeurs, et les deuils importants que cela occasionne ; à l’exemple des éditions Stock, dont j’ai choisi Sabyl Ghoussoub, dont je lis un extrait, portait de la mère qui les fait rire & entrer dans cette histoire familiale du Liban, de ses conflits, de ses exils. Mais il me fait tant envie, le roman-fleuve, familles et Méditerranée encore, d’Emmanuel Ruben ; quant au Lola Lafon, tout ce qu’il remue en douceur, et profondeur par cette nuit impossible passée au musée Anne-Frank et dans le journal de celle-ci, est essentiel. Et me mena logiquement à Olivia Rosenthal, dont ce « singe » est un aboutissement, formel et narratif -celui de cette odyssée de l’intime pris à revers, par l’entremise de jeux de formes apparemment ludiques, dont On n’est pas là pour disparaître, il y a 15 ans, fut le point de départ. Ici, ce séjour japonais, en plein étrangeté donc, est une apothéose d’étrangeté familière. Les phobies multiples ramènent à l’angoisse métaphysique fondamentale de Rosenthal, comme l’enquête sur le gaz sarin (attentats de 1995), outre d’être ramifiée, source de possibles autant que de différents culturels nommés, multipliés, jour le rôle de comburant de l’estrangement. De plus, les passages de questionnaire retournés au lecteur comme celui-ci cité au-dessus sont un ouvroir fictionnel, un entraînement à la fiction en même temps qu’une représentation de celle-ci – il était évident d’enchaîner avec la mécanique diabolique du Violaine Bérot, odyssée générique et fantastique en inquiétante étrangeté ; qui avance à l’allure de nos rêves et ne nous lâche pas (pendant, et après la lecture). Et puis nous aurons joué, on m’aura demandé des livres drôles, nourrissants, et même « optimistes » – c’est coton, optimiste, car la littérature, dans le monde et le moment où nous pataugeons, si elle dénoue, éclaire, explicite, apporte de la lumière, de la joie, par éclat – mais ne saurait l’être, de façon programmatique, optimiste… mais de la vie, de la vigueur, des lucioles et de la joie, il y en a à foison, dans ces livres :

BEROT Violaine C’est plus beau là-bas Buchet Chastel BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam BONNEFOY Miguel L’Inventeur Rivages CAPIZZANO Fabrice Péniche Au diable Vauvert CERDA Paco Le Pion traduit de l’espagnol par Marielle Leroy La contre-allée COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès DARMON Paule Robert de Niro, le MOSSAD et moi L’Antilope DICKENS Charles De grandes espérances Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif Tristram GHOUSSOUB Sabyl Beyrouth-sur-Seine Stock GOBY Valentine L’île haute Actes sud LE GALL Tiphaine Le principe de réalité ouzbèke La Manufacture des livres LEBEDEV Serguei Le débutant Traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton Noir sur blanc MALFATTO Emilienne Le Colonel ne dort pas Sous-sol MALTE Marcus Qui se souviendra de Philly-Jo Zulma PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier PAQUET Olivier Composite L’atalante PASSERON Anthony Les Enfants endormis Globe POGGIOLI Laura Trois sœurs L’Iconoclaste POTTE-BONNEVILLE Laurence Jean-Luc et Jean-Claude Verdier RICO Lucie GPS P.O.L ROSENTHAL Olivia Un singe à ma fenêtre Verticales LAFON Lola RUBEN Emmanuel

#RENTREZ, épisode 7 – TOURS

J’ai fait attention à un livre, un livre sans tapage, dont il faut lire des mots pour le dire, car le « pitch » n’y parviendrait pas, le réduirait et le consignerait entre hashtags (#jeunesfilles #violencemasculine #sororité #canada), lesquels le renverraient à un domaine impossible, surpeuplé, plein de livres plus forts en tapage. Les filles bleues de l’été de Mikella Nicol (Le Nouvel Attila) n’est pas transmissible sans en lire quelques phrases – d’en exhausser à voix haute une demi-page fait résonner cette voix-là, inimitable, absolument singulière, à la fois pleinement québecoise et pourtant « sans accent » (sans québequismes), absolument étrange autant qu’absolument claire et fluide. Faites-le, vous verrez. C’est cela, une rentrée, à mi-chemin (7 sessions effectuées sur les 14 programmées), de veiller à « faire sortir » de la valise des livres qui, discrets, semblent aimer à se faire oublier. Et de marier au gré des discussions et des moments, les méconnus et les reconnus – hier soir on m’a demandé des livres violents et des livres drôles. Et j’y ai ajouté du fictif et du documentaire : ainsi les deux cas extrêmement différents de « romans vrais » que sont le Paco Cerda dont on saisit à la lecture des notes à quel point il est documentaire et le Maria Larrea qui nous raconte une famille impossible (et fictive) revendiquée comme la sienne et qui pourtant nous demeure une famille inventée (impossible, stridente et colorée, marquante comme peu).

Au programme hier soir, donc : BAGLIN Claire En salle Minuit BELVAUX Lucas Les Tourmentés Belgique Alma BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam BONNEFOY Miguel L’Inventeur Rivages CAPIZZANO Fabrice Péniche Au diable Vauvert CERDA Paco Le Pion traduit de l’espagnol par Marielle Leroy La contre-allée COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès COURNUT Bérengère Zizi cabane Le Tripode DUDEK Arnaud Le cœur arrière Les Avrils GIRAUD Brigitte Vivre vite Flammarion GOBY Valentine L’île haute Actes sud HAENEL Yannick Le trésorier payeur Gallimard HOPE Anna Le Rocher blanc Traduit de l’anglais par Élodie Leplat Le bruit du monde LARREA Maria Les gens de Bilbao naissent où ils veulent Grasset LE GALL Tiphaine Le principe de réalité ouzbèke La Manufacture des livres MALTE Marcus Qui se souviendra de Philly-Jo Zulma NICOL Mikella Les filles bleues de l’été Le nouvel attila PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier POGGIOLI Laura Trois sœurs L’Iconoclaste POTTE-BONNEVILLE Laurence Jean-Luc et Jean-Claude Verdier RICO Lucie GPS P.O.L ROSENTHAL Olivia Un singe à ma fenêtre Verticales SCALI Dominique Les marins ne savent pas nager La Peuplade MACDANIEL Tiffany L’été où tout a fondu Gallmeister

 

#RENTREZ, épisode 8 – OUDON (Il ne faut jamais s’inquiéter).

 

Oudon, ses bords de Loire et son joli château, je n’en vis pas grand chose car mon GPS (enfin, disons, Google), m’a fourvoyé (Merci, Lucie Rico !) et m’a fait reprendre le périph dans le mauvais sens (il eût fallu prendre par La Divatte, ah la la). Commençant en retard, je ne me suis pas privé de faire l’éloge du temps, ce que la poésie fabrique, par production d’épiphanies et d’images. Lucie Taieb, dans ses romans, redimensionne ce qui apparaît dans ses poèmes, inséré dans un fil narratif étonnant. On se rappelle de ses « échapées », dystopie diffactée, en 2019 ; on s’en rappelle parce que les images fabriquées se sont imprimées dans l’esprit — elles existent, pour toujours. Et c’est cela qui tient, c’est exemplaire de ce qui reste aussi des romans »romanesques », de ces fabuleuses histoires (Ah, Dominique Scali à La Peuplade, et ces premières pages que je ne cesse de reprendre tant les promesses demeurent quand le temps nécessaire à l’engloutissement dans cet incroyable imaginaire manque) ; ces histoires inédites, motifs de mémoire majeurs. Alors cette « Capitaine Vertu », si elle nous touche, et son histoire, familiale et de principe, et tout ce qu’elle évoque en douceur ; elle produit avant tout des images nettes et imprimées en nous. J’ai relié à ce que j’avais déjà dit plus haut et à Tours de Mikella Nicol, au Nouvel Attila, en lisant simplement les premières lignes :

« Je m’appelle Clara et je veux qu’on entende dans mon prénom les éclats de cet été, tombés sur le sol gelé. Que mon nom sonne comme un brise-glace dans la stérilité de l’hiver qui s’en vient. Je ne peux pas pardonner aux jours d’avoir retrouvé leur captivité. Nous avions réussi à fuir la séquence, mais on nous a prises par la nuque pour nous déposer dans le courant. La vie est redevenue une rivière triste qui charrie nos morceaux de banquise. Le temps n’a plus le droit de s’arrêter pour qu’on le regarde dans les yeux. Le soir vient maintenant au milieu de l’après-midi, symptôme de l’hiver qui tranche le monde. Les gens sortent, rentrent. Du fond de mon lit, je le sens, ce mouvement qui emporte mes amis, les hommes, mes parents. D’un même geste, nous restons vivants, réguliers. Il ne faut jamais s’inquiéter. »

Il parut évident ensuite de faire la place au narratif, voire aux genres bien campés du narratif, à l’art de la comédie de Luc Blanvilain, ou du roman social de Joseph Incardona – où cela, par la grâce précise d’une écriture, ce sont les personnages qui tiennent, et font tenir les situations, pour nous faire tourner les pages. Ainsi, pour embarquer dans les conflits moraux au cœur des livres si tendus de Lucas Belvaux et Sandrine Collette, il faut que les voix parlent —ça semble tout bête, hein mais pour qu’elles parlent, résonnent, et qu’on écoute (puis lise), il faut aux auteurs.ices les écrire. Dans le détail. Avec grand soin. Il y a TOUJOURS une écriture, même quand elles semble se taire, s’effacer pour mieux figurer. Furent donc présentés ce soir :

BAGLIN Claire En salle Minuit BELVAUX Lucas Les Tourmentés Belgique Alma BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam CERDA Paco Le Pion traduit de l’espagnol par Marielle Leroy La contre-allée COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès DARMON Paule Robert de Niro, le MOSSAD et moi L’Antilope DICKENS Charles De grandes espérances Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif Tristram GHOUSSOUB Sabyl Beyrouth-sur-Seine Stock GIRAUD Brigitte Vivre vite Flammarion HAENEL Yannick Le trésorier payeur Gallimard INCARDONA Joseph Les corps solides Suisse Finitude LARREA Maria Les gens de Bilbao naissent où ils veulent Grasset LE GALL Tiphaine Le principe de réalité ouzbèke La Manufacture des livres NICOL Mikella Les filles bleues de l’été Québec Le nouvel attila PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier RICO Lucie GPS P.O.L ROSENTHAL Olivia Un singe à ma fenêtre Verticales SCALI Dominique Les marins ne savent pas nager Québec La Peuplade SUBILIA Anne-Sophie L’épouse Suisse Zoé TAIEB Lucie Capitaine vertu L’Ogre

RENTREZ, épisode 9 – Montaigu

A Montaigu vendredi, j’avais prévu d’entamer par une présentation de la rentrée des Avrils (cc Lola Nicolle, Sandrine Thévenet, Léonore Dauzier), incluant le livre que j’ai retenu (le formidable portrait de jeune athlète de Arnaud Dudek Le Cœur arrière), et celui que je n’ai pas retenu là mais ailleurs (à Saint-Etienne, à Poitiers…), le premier roman intense et social de Lili Nyssen ; et d’ouvrir sur ce qui vient – leurs deux livres d’octobre, signés Amandine Hamet et Dominique Fabre – manière de répéter que c’est ouvert, et que ce choix, cette sélection ne sont pas exclusifs et privatifs, qu’il s’agit de se donner les moyens d’un partage, et de découvrir une forme de paysage éditorial, également. Je l’ai fait, et le (non-)hasard fit que le première livre de ma valise ce vendredi a donc été celui d’un romancier bientôt invité à deux pas — à l’excellente librairie Le Livre dans la Théière, de Rocheservière — et Christel et moi ne nous étions même pas concertés — comme un subtil rappel du nouage entre arpentage de territoire et choix littéraires tenus. Et j’ai parlé des livres qui appellent et font signe depuis la valise, ou PAL portative, et ainsi ai enfin pu détailler le bien que j’avais à dire du Joseph Incardona (Les corps solides, chez Finitude), de cette force à dire le monde, en mode roman social et réaliste, de dire les mondes épars depuis et par les gens qui les font, de tout faire tenir depuis cette Anna et son fils, tellement tendrement campés, tellement solidement là pour dire les marges, enfin, nos existences fragiles, socialement fragiles, mais moralement fortes, intenses – là, tellement là. Quels personnages, et quel roman. Puis nous avons cheminé et goûté à ces délicieuses denrées :

BAGLIN Claire En salle Minuit BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam BONNEFOY Miguel L’Inventeur Rivages COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès DICKENS Charles De grandes espérances Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif Tristram DUDEK Arnaud Le cœur arrière Les Avrils GIRAUD Brigitte Vivre vite Flammarion GOBY Valentine L’île haute Actes sud HAENEL Yannick Le trésorier payeur Gallimard HOPE Anna Le Rocher blanc Traduit de l’anglais par Élodie Leplat Le bruit du monde INCARDONA Joseph Les corps solides Suisse Finitude MALTE Marcus Qui se souviendra de Philly-Jo Zulma NICOL Mikella Les filles bleues de l’été Québec Le nouvel attila PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier PAQUET Olivier Composite L’atalante PAVICIC Jurica La femme du deuxième étage traduit du croate par Olivier LANNUZEL Agullo POGGIOLI Laura Trois sœurs L’Iconoclaste ROSENTHAL Olivia Un singe à ma fenêtre Verticales TAIEB Lucie Capitaine vertu L’Ogre McGINNIS Jared Le Lâche Traduit de l’anglais (US) par Marc AMFREVILLE Métailié MACDANIEL Tiffany L’été où tout a fondu Gallmeister NYSSEN Lili L’Effet Titanic Les Avrils —

#RENTREZ10 DREFFEAC (mardi 4 octobre 22, soir)

« Le Ruisseau noir, deuxième roman de Tom Drury, initialement publié en 1998 (…), se présente surtout comme une fiction excessivement tolérante, à l’égard des infidélités de son protagoniste principal, Paul ; une histoire accommodante, facile à vivre, pour ainsi dire ; un récit pince-sans-rire d’une grande bonté, animé par un a priori favorable vis-à-vis de tout le monde. Bref, par sa décontraction perpétuelle et son allure bonhomme, Le Ruisseau noir est ce qu’on pourrait appeler un « roman débonnaire ». (Nicolas Richard, postface, éditions Cambourakis)

Ce mardi soir-là je me suis, d’abord, pris dans les rets du vertige GPS, comme en écho-ritournelle au roman de Lucie Rico, qui m’accompagne dans la valise, et en sort quasi chaque fois – sans se perdre jamais. À la façon dont le roman fait de même, allie d’apparents contraires, et se voit remporter la timbale au jeu des adjectifs : drôle et mélancolique ; égaré mais très clairement ; sororal et solitaire… Égaré je l’étais en vrai, ce mardi soir 4 octobre, persuadé 1/ qu’il y avait un panneau de sortie de la nationale vers Drefféac (mais en fait, non) 2/qu’il y aurait moyen de revenir aisément sur mes pas après avoir loupé la dite sortie, parce « qu’après tout, je connais à peu près le coin » -le pire est dans l’à peu-près. 3/ j’ai tourné autour sur des départementales de plus en plus étroites, jusqu’à soudain m’y retrouver, avec un petit quart d’heure de retard, petit mais qui m’essouffla assez pour en passer par la coolitude (inquiète tout de même) de Drury, par les mots de son traducteur émérite. Et puis ensuite, en une heure trente, on parla, on lut, on évoqua – de – avant de rentrer sans un regard pour le point bleu sur l’iphone :

BELVAUX Lucas Les Tourmentés Belgique Alma BEROT Violaine C’est plus beau là-bas Buchet Chastel BLANVILAIN Luc Pas de souci Quidam BONNEFOY Miguel L’Inventeur Rivages CERDA Paco Le Pion traduit de l’espagnol par Marielle Leroy La contre-allée COLLETTE Sandrine On était des loups J-C. Lattès DICKENS Charles De grandes espérances Traduit de l’anglais par Jean-Jacques Greif Tristram DRURY Tom Le Ruisseau noir traduit de l’anglais (US) par Nicolas RICHARD Cambourakis GHOUSSOUB Sabyl Beyrouth-sur-Seine Stock GIRAUD Brigitte Vivre vite Flammarion GOBY Valentine L’île haute Actes sud INCARDONA Joseph Les corps solides Suisse Finitude LE GALL Tiphaine Le principe de réalité ouzbèke La Manufacture des livres MALFATTO Emilienne Le Colonel ne dort pas Sous-sol MALTE Marcus Qui se souviendra de Philly-Jo Zulma PANASSENKO Polina Tenir sa langue L’Olivier RAINSFORD Sue Jusque dans la terre Traduit de l’anglais (Irlande) par Francis Guèvremont Aux Forges de Vulcain RICO Lucie GPS P.O.L ROSENTHAL Olivia Un singe à ma fenêtre Verticales SCALI Dominique Les marins ne savent pas nager Québec La Peuplade SUBILIA Anne-Sophie L’épouse Suisse Zoé

#RENTREZ11 Orée d’Anjou

Ce jour-là j’ai paumé la liste complète de ce que j’aurai lu : j’ai souvenir de la lumière descendant sur les coteaux de Loire, de l’accueil chaleureux, des retrouvailles avec Sylvie, et de l’annonce le midi du prix Nobel d’Annie Ernaux le midi, qui aura aiguillé le chemin de parole, entamant par Brigitte Giraud (qui n’a pas encore le Goncourt à ce moment, mais ça viendra, encore qu’on soit loin de se l’imaginer ce soir-là;-)).

 

#RENTREZ12La Roche-sur-Yon

 

Ce qui se passe lors des rentrées à La Roche, c’est difficile de raconter puisqu’en trois lieux on invente un long cours, feuilletonnée sur l’après-midi, avec un invité éditeur, à qui je vais laisser la parole. Pascal Arnaud, des éditions Quidam, éditeur de Luc Blanvillain, avec qui nous nous serons entretenus en conclusion, me dit ceci de ce à quoi il a assisté :  

« D’emblée, ce qui m’a séduit dans ta manière de parler des livres, c’est l’extrême simplicité de tes présentations alliée à l’enthousiasme, quel que soit le genre abordé. L’humour aussi dont tu fais un usage parfait pour contrebalancer d’éventuelles réticences. C’est vivant, sans prise de tête et sans tabou, ce qui fait, me semble-t-il, que le public, quel qui soit, y trouve son compte. J’ai bien observé les réactions des gens. Le fait de puiser dans ta valise un livre (forcément surprise) dont le public ne sait rien maintient la curiosité en éveil tout le temps que dure ton intervention.  Enfin, pour moi, cette manière de faire est sans pareille.  Et, bien sûr, que ça marche !! »  

 

#RENTREZ13FONTENAY / partie 1/3 

A Fontenay le pli, ou les plis sont pris, à force d’années : la librairie d’enfer intervient – au moins- une fois, les gens ont du manger et du boire (et moi aussi), merci l’équipe de feu, et le « jeu des adjectifs » est prêt, il s m’ont été préparés par l’équipe et laissés « au chapeau », à côté. C’est donc parti pour 1h45, en fin de tournée les propositions se sont multipliées, dans et hors de la liste de 50 qui demeure le socle – mais voilà, j’aurai évoquer une trentaine de titres durant ces 100 minutes, on en est là;-) Se garer et passer chez Florilège, donc, où acheter la nouveauté de « Dépaysage », maison d’édition vendéenne tournée vers les littératures natives américaines – le baiser de la Reine Blanche, de Tomson Highway, dont je ne peux rien dire que ce qu’en sais – qu’il y a du loin et du beau tout près de vous, saisissez-vous en. Et que la liste de rentrée est accueillante : j’en redis donc le principe, #50titres50éditeurs, avec ce qu’il permet (une réelle diversité, un paysage éditorial) et qu’il contraint : un seul livre de chez Stock, ce sera le Sabyl Ghoussoub, dont un peu de lecture à voix haute dit comme l’on s’y sent bien, et que cette drôlerie est une bien fine manière de dire le Liban et sa guerre, ses guerres, terrifiantes et tellement de voisinage. Et dire que ceci impose d’enlever le Ruben, dont les Méditerranéennes vient de remporter le prix du roman historique de Blois, et qui promet une odyssée familiale également bien chamarrée autour la Mare Nostrum – et que, ajouté-je, je sais que je vais le lire, pour le plaisir et par esprit de suite (puisque j’ai lu tout ou presque de son travail). Et que de chez Stock j’ai lu aussi le Lola Lafon, dont il me faut dire un mot, puisque je l’ai déjà lu au moins deux fois (et ce n’est pas fini), pour qu’à chaque fois m’apparaissent avec un peu plus de netteté sa grandeur, sa richesse, et sa magnifique économie : humilité de l’absence de bavardage et d’auto-apitoiement, tout en s’intégrant soi, son expérience singulière du monde, de l’être et du mot « juif »,comme matériaux d’appréhension de cet ensemble si impeccablement juste, si impeccablement terrible et doux. Et là, les liens de lecteur : que la collection La nuit au musée me ramène à la valise l’an passé et à (LIEN 1) Comme une Ciel en nous de Jakuta Alikavazovic ; qui sera autrice associée dans le secteur (au grand R, à La Roche) cette saison (LIEN 2), dont je viens (LIEN 3) de recevoir et de commencer le recueil Faites un vœu (à l’Olivier), dont chacune des chroniques m’a été un bonheur de lecture, ce que j’ai lu de plus revigorant et inventif, disons, dans la presse, ces dernières années ; dont j’ai enfin lu ce jour (LIEN 4)100 pages de traduction du très inquiétant et fascinant L’école de Topeka de Ben Lerner, chez Bourgois, que je vais dévorer là de suite ; qui me fait évoquer à quel point les traducteurs me sont des clés, des indices, que je suis traque comme un pisteur. D’où l’évocation de Tom Drury, de sa postace par Nicolas Richard, qui nous en passe l’oeuvre, et dont la rigoureuse coolitude parvient à attribuer à ce roman le qualificatif de : « débonnaire ». Ainsi le jeu des qualificatifs est lancé, qui va rythmer la suite de la présentation.

#RENTREZ13FONTENAY — partie 2/3 

Avant de piocher des adjectifs auxquels associer un roman, j’ai musardé et présenté encore l’exceptionnel roman social et réaliste de Joseph Incardona, chez Finitude. Où l’élément non-fictionnel du livre (le jeu télé qui a bien, même brièvement, existé) est celui qui sidère le plus quand je le raconte — intrications des rapports réel-fiction qui me mirent Yannick Haenel en main, dont le Trésorier-Payeur nommé Georges Bataille nous confuse fort habilement, via la sérénité si entraînante de la prose Haenelienne, roi de la feinte et de la fugue. J’ai évoqué le rapport au fait divers du Laura Poggioli, et pour asséner que « ceci n’est pas un palmarès, encore moins la liste des livres qu’il faudrait avoir lus », j’ai lu à voix haute la première page du Nicolas Garma-Bermann, chez Belfond, que j’avais loupé (ce que j’ai avoué), et qu’on a gentiment mis sur ma route. Lire une première page et commenter en direct ce qui dedans nous emporte, me semble un fort agréable et sincère exercice d’analyse live. Et les adjectifs sont arrivés : j’ai pioché #MORTEL, que j’ai décliné selon plusieurs acceptions, littérale ou imagée : le Jens Liljenstrand que je viens de redémarre et qui me semble l’être , le Sandrine Collette également – et le Brigitte Giraud qui est le plus vivant des livres de deuil qu’on puisse imaginer. #JUBILATOIRE, adjectif en vogue déclinante dont j’aime me moquer, et sous bannière duquel j’ai sans difficulté rangé mes favs Polina PANASSENKO, Lucie RICO et le Principe de réalité ouzbèke de Tiphaine LE GALL. En a découlé, comme par alliance des deux adjectifs, une présentation du Olivia ROSENTHAL, qui nous fait rire à froid tout du long avant de nous cueillir par cette épiphanie funèbre finale.

#RENTREZ13FONTENAY — partie 3/3

Et puis voilà, pour finir, on m’a proposé « inventif », « délicat », « disruptif », « vert » et « spirituel » : ce qui m’a permis d’en présenter 15 de plus:-) 

 

 

#RENTREZ14, SAINT JEAN DE MONTS

 

Folie pure, bouclage en 32 titres et une heure quarante face à une assemblée demandeuse – prémisse d’une vidéo rétrospective qui n’aura pu se faire pour cause grippe en décembre. Maousse costaude la traversée : See it.

Et comme à la plage de Saint Jean en novembre il y avait des baigneurs, autre trace de cet automne étrange et pourtant beau.



Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s