Faire 800 secondes, podcast (saison 1) / 12 minutes, pour lire-dire au moins deux livres

De 800signes à 800secondes.

Ce titre ? Il se fonde sur faire800signes, mon tumblr hors d’âge (âgé de 5 ans, hors d’âge donc à l’allure d’ensevelissement des formats numériques), que j’avais motivé alors ici ainsi : « Chaque jour un extrait d’un livre lu ou en cours de lecture. » Format volontairement contraignant, par sa nécessité de recherches, de lieux, situations, extraits parlant, etc. et donc fertile – mais aussi, au bout d’un temps d’usage, limitant… La parole critique ne put s’empêcher d’y revenir, pour les derniers livres présentés ; car elle revient toujours.

Paradoxe du format court fait pour me préserver de cette parole extensive, récit en marchant de la lecture comme expérience, prolixité que je ne peux contenir (car elle m’est, sans doute, nécessaire).

Travailler dans la parole

Je m’en suis souvent expliqué, en tant que médiateur littéraire ni-ni (ni journaliste, ni professeur) et de fait dans l’obligation d’inventer ma parole comme ma posture (ainsi que chacun doit le faire pour habiter un statut, « endosser le costume », mais dans une indétermination plus forte encore du fait de cette insularité statutaire). L’espace de la lecture est celui que j’investis le plus vivement, le plus personnellement, c’est en lecteur que je m’autorise le plus nettement. Jamais je ne suis autant auteur qu’en position de lecteur.

Cette lecture investie est une qualité (au sens littéral, non laudatif, du terme) dont me défier pour « faire avec, et donc, et même, contre », en interrogeant des auteur.e.s – car il importe alors de servir leur parole, d’aider à produire un discours qui soit le leur et non le mien – base essentielle de ce travail-là.

Depuis 2016, l’exercice des « rentrées » littéraires d’automne, ouvrant une valise, des livres, en lisant et les parlant depuis leur texte même, m’a beaucoup apporté – leur conversion partielle en format filmé, durant cet automne-hiver semi-confiné a donné trace autant que forme plus claire encore à ces présentations d’une heure et quelques…

Le sens de ces présentations est d’être massives, pleines, denses, de mettre celles et ceux qui écoutent en position « d ‘en avoir pour sont temps » comme on dirait « pour son argent », d’allier quantité de propositions et originalité de l’ensemble de la sélection et des liens effectués – liens variables, thématiques parfois mais aussi souvent de langue, de motifs, de musicalité… pour une raison première de rythme, mais aussi pour « auteuriser » en écho de ce que l’exercice m’ « autorise ». Qu’à chaque fois, dans ce temps de passage d’œuvres, quelque chose humblement s’invente.

Un format inédit

A rebours du bookstagram et du blogging minimal qu’appuient les réseaux sociaux (où prime d’abord qu’on voie le livre (une des raisons aussi de ma désertion du tumblr : je suis un peu las (autant que nous toutes et tous, non ?) de juste VOIR des livres, un peu lassé de JUSTE les montrer, de n’en voir énoncé que du slogan, de la formule en 280 signes), je ne sais faire autrement qu’un peu plus long – pour dire quelque chose du livre, pour le faire entendre et voir, en faire ENTENDRE ET VOIR le texte — et pas juste la couv (aussi belle celle-ci soit-elle).

Faire un peu plus long — mais pas trop long.
Une heure de vidéo, c’est beaucoup. Il me fallait un format adapté.
D’où ce podcast.

Faire 800 secondes

800 secondes, c’est une douzaine de minutes, auxquelles je me consigne (à une près ; les extraits parfois requièrent d’être plus longs, et lus plus lentement), une douzaine de minutes, en lesquelles parler d’au minimum deux livres – voire plus si leur lien est l’auteur (les premiers podcasts ont permis d’approcher l’ensemble du travail de Sophie Divry ou Yamina Benahmed Daho, par l’entrée de leur nouveau titre). Le format permet d’être dense, relié, tout en demeurant digeste.

SAISON 1


SAISON 1 | EPISODE 1 | Yamina Benahmed DAHO De Yamina Benahmed Daho, « A la machine » (L’arbalète-Gallimard, février 2021) est le troisième roman chez cet éditeur, après « Poule D » (2014) et « De mémoire » (2019). Présentation de ce nouveau titre avec tentative de lien sur les rapports, forts et ténus, que j’y vois avec les précédents.

 

 

SAISON 1 | EPISODE 2 | Sophie Divry De Sophie Divry, « Cinq mains coupées » (Seuil, octobre 2020), relié à « Rouvrir le roman » et « Curiosity » (Notabilia/Noir sur blanc, 2021, 2017). Où il est question de réel qui coupe et de fiction nécessaire.

SAISON 1 | EPISODE 3 | Alice Zeniter De Alice Zeniter, « Je suis une fille sans histoire » (L’Arche, 2021) et « Comme un empire dans un empire » (Flammarion, 2020). Certains livres parfois vous mettent en joie — quelle vigueur et quelle joie de penser : la colère, la politique, le genre et le récit, avec les mots d’Alice Zeniter.

SAISON 1 | EPISODE 4 | Thomas Flahaut et Celia Levi Thomas Flahaut « Les nuits d’été » (Editions de l’Olivier 2020) et Celia Levi« La Tannerie » (Tristram, 2020) TROUVER SA PLACE dans l’âge adulte, dans le monde du travail quand on n’a pas les clés et que nul ne vous les donne. Monde ouvrier ou culturel, deux livres différents reliés par une même précision de regard.

SAISON 1 | EPISODE 5 | Thomas André et Shane Haddad Jeunesse dedans dehors – « L’avantage », de Thomas André (Tristram, 2021) et « Toni tout court » de Shane Haddad (P.O.L, 2021), deux premiers romans, deux captations de la jeunesse, de ses intensités et inconscience, de son devenir-autre qui ne se sait pas hors un corps qui vibre, court, agit. A deux stades et moments différents, enregistrés en dedans ou en dehors, et surtout entre.

SAISON 1 | EPISODE 6 | EN VOITURE Avec Sylvain Prudhomme Sylvain Prudhomme, « Les Orages » (L’arbalète-Gallimard, 2021) et « Par les routes » (L’arbalète–Gallimard, 2020) Capter un moment dans un habitable, 3 personnes proches, à des places inhabituelles, ainsi déplacées dans un environnement pourtant des plus quotidiens. Ce qu’on peut y lire de sous-jacent. Dans les voitures, Sylvain Prudhomme a aussi placé le protagoniste de son précédent roman, « Par les routes », et l’usage du monde (et des habitables de voiture) de cet auto-stoppeur bouleverse, dans la douceur. Bouleverser dans la douceur, c’est tout le propos des « Orages ».

SAISON 1 | EPISODE 7 | Madeleine Assas et Sandro Veronesi Madeleine Assas, « Le Doorman » (Actes Sud, 2021), et Sandro Veronesi, « Le colibri » (Grasset, 2021, traduit de l’italien par Dominique Vittoz) Deux extraits, pour deux romans qui disent deux vies, deux vies inventées – qui pour ce faire inventent des formes. Deux effacés qui regardent le monde et tout de même, le vivent, y passant un temps – le temps d’une vie.

SAISON 1 | EPISODE 8 | Helen PHILLIPS, Raven LEILANI // VICE CACHE, une collection du Cherche-midi, dirigée par Claro

Helen PHILLIPS, « La femme intérieure », traduit de l’anglais (US) par Claro, 2020 / Raven LEILANI, « Affamée », traduit de l’anglais (US) par Nathalie Bru, 2021 // VICE CACHE, une collection du Cherche-midi, dirigée par Claro Deux romans assez dingues et très très neufs. Deux chocs extrêmement distincts, extrêmes & distincts.

SAISON 1 | EPISODE 9 | « FILS DE ? » / Pierric Bailly Partant de cette fausse comédie familiale poignante, revenant à sa précédente fausse comédie fantastique, et à son entreprise d’enquête familiale des précédents romans, entendre et voir comme Pierric Bailly sait fabriquer de l’universel à partir de très (de traits) communs.

 

SAISON 1 | EPISODE 10 | Jérôme Bonnetto 
Jérôme Bonnetto, « Le Silence des Carpes » (Inculte, 2021) et « La Certitude des pierres » (Inculte, 2020) Découverte soudaine d’un auteur à la fois multiple d’approches et pourtant unique, avec ces deux romans parus en 20 et 21 chez Inculte. Folie et minutie, profondeur et humour – quand des contraires semblent s’allier ainsi, avec une apparente aisance, c’est qu’une langue le permet. Elle est là, elle est belle, profuse et permissive.

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