La Baule – Écrivains en bord de mer, juillet 2013 (récit par Dominique Panchèvre)

Dominique Panchèvre, twitteur bucolique à La Baule
Dominique Panchèvre, twitteur bucolique à La Baule

(De comment les choses arrivent)

Érigeant, il y a environ un an, ce modeste site de fouilles et de tentatives qu’est Matériau composite, je n’avais alors pas prévu d’inviter à contributions, sur cet espace pensé en premier lieu comme celui de mon propre regroupement. Et puis, il y a eu La Baule, une très belle édition du festival, pour laquelle je me suis dépensé comme community manager, ou « scribe social », comme je le présente ici (avec tous les liens afférant). Une telle immersion, à cette place particulière d’enregistreur, méritait bien un bilan – mais les quelques centaines de tweets sont récapitulés dans les épisodes de storify Jour 1 – mercredi 17 juillet / Jour 2 – jeudi 18 juillet / Jour 3 – vendredi 19 juillet / Jours 4 & 5 – samedi 20 et dimanche 21 juillet ), et autant les relire me suffisait, nourrissait nombre d’articles à venir ; autant devoir les reprendre et repenser m’épuisait d’avance.  Et puis, l’ami  Dominique Panchèvre, qui était à La Baule, en a fait un article qu’il pensait publier sur facebook – mais les nombreux liens qui l’enrichissent ne passaient pas sur le réseau social. Après une brève discussion, je lui ai proposé de reprendre ce compte-rendu ici, manière d’accueil et d’écart – très heureux de donner à lire  de sa prose, ici même. En ne sachant pas si d’autres invités viendront, c’est aussi un intérêt de la construction éditoriale spécifique à ces objets de lecture que sont les sites, on peut changer les plans chemin faisant, en ouvrir de nouvelles pièces, où accueillir des amis. (Guénaël Boutouillet, hôte).

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La Baule – Écrivains en bord de mer, juillet 2013 (par Dominique Panchèvre)

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Du 17 au 21 juillet, s’est déroulée à La Baule la 17è édition de « Écrivains en bord de mer », rencontres, conférences, entretiens et lectures, organisées par Brigitte et Bernard Martin des éditions Joca Seria (Nantes).

Cette année, coup de projecteur sur la littérature américaine, et plus particulièrement sur la poésie des États-Unis, avec une vingtaine d’écrivains invités, dont six américains (États-Unis).
Toutes les rencontres se situent à la Chapelle Sainte-Anne, et se succèdent de 11h30 à 22h. Il est donc possible de tout voir et de tout écouter.

Les rencontres ont été enregistrées en vidéo et seront progressivement toutes visibles ici. Le détail de la programmation, les notices pour chaque écrivain et le storify élaboré par Guénaël Boutouillet sont à consulter sur le site d’Écrivains en bord de mer.

 

Cole Swensen par DoP
Cole Swensen, en lecture

À remarquer en premier lieu la réelle fluidité du déroulement de ces journées, rendue possible grâce à une organisation millimétrée et à une préparation minutieuse. Le choix des auteurs invités et des thématiques explorées est le fruit des lectures attentives qu’effectue Bernard Martin pendant plus d’une année. C’est lui qui présente les rencontres et en anime une bonne partie.

Ce qui est véritablement une aubaine, c’est d’avoir découvert les textes de Ron Padgett et ceux de Harry Matthews. Ceux des autres américain(e)s invité(e)s aussi, mais ces deux-là font figures de pépites dans un espace de relative ignorance de la littérature dite américaine. Bien sûr, certains d’entre nous ont lu Jim Harrison, John Fante, Frederick Exley et Philip Roth, tout comme Stewart O’Nan, Cormac McCarthy ou Rick Bass. Mais notre connaissance de cette littérature reste cependant très parcellaire et il est formidable d’avoir eu, sur un plateau, cet aréopage d’écrivains inconnus. Cela ouvre des perspectives, et notamment celle de lire les livres que Joca Seria a publiés dans cette veine.

oulipo par DoP
Jacques Roubaud, Harry Matthews,
Ron Padgett et Bernard Martin

En résonance à l’américanité (réelle ou supposée) de la littérature qu’il nous a été proposé de découvrir, ce fut un émerveillement d’entendre Ron Padgett évoquer son amitié avec Joe Brainard. « Nous nous souvenons de Joe et de l’école de New York » fut le sujet de la trèsintéressante discussion entre Ron Padgett, Jacques Roubaud et Harry Matthews sur la question de l’École de New York. On retrouvera également des précisions sur ce sujet lors d’une des « humeurs apéritives » que Bernard Martin a consacrée à cette amitié ainsi qu’à la « vraie » histoire du Bloody Mary et à sa « vraie » recette, goûtée sur place. Parmi les autres humeurs apéritives, Gérard Lambert nous a permis de découvrir des textes finement reliés aux vins issus de la région d’origine de l’illustre prédécesseur (Thierry Guichard) ; vins qui furent également goûtés.

TV et CF et Gb par DoP
Tanguy Viel, Christophe François et Guénaël Boutouillet

Les deux conférences de Stéphane Bouquet et de Tanguy Viel ont encore contribué à réduire notre ignorance sur le sujet. Elles étaient très complémentaires ; beaucoup d’images, des partis pris assumés et, au final, le sentiment de sortir de là un peu plus cultivé.

Jacques Roubaud fut le seul écrivain dont l’assiduité n’a pas fléchie au long des journées ; présent à toutes les rencontres, réagissant aux propos des intervenants par de vifs mouvements du chef. Il fut maintes fois cité par les autres auteurs, reconnaissant en lui une sorte de père spirituel et fantasque pratiquant la contrainte par plaisir, comme ses petits camarades de l’Oulipo, dont Harry Matthews fait partie, car, il y a fort longtemps, il a eu cette curiosité d’aller chercher les textes des poètes américains et de les traduire.

Écrivains en bord de mer est également l’occasion de discuter avec les écrivains déjà rencontrés ou tout nouvellement connus ; de croiser des éditeurs confirmés comme Joca Seria ou ceux qui démarrent comme Les inaperçus ; de découvrir d’infatigables acteurs du livre comme Charlotte Desmousseaux, libraire aux Machines de l’île et membre de la revue Répliques à Nantes ou encore Christophe François, responsable du centre de ressources (et médiateur très apprécié par les écrivains) à la Maison Gueffier sur le site du Grand R à La Roche-sur-Yon.

En clôture, François Bon a fait une communication relative au premier bilan d’un éditeur numérique : Publie.net, s’inspirant d’un article écrit précédemment pour le Tiers livre.

Pendant toute la durée des rencontres littéraires, c’est la librairie La Baule les pages qui a tenu boutique dans la Chapelle Sainte-Anne, proposant et conseillant autour d’un beau choix de textes : ceux des écrivains présents assortis d’une sélection des libraires.

 

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Harry Matthews, non fumeur

Atout supplémentaire : les enregistrements vidéo impeccables qui permettent de découvrir ou de revoir des séquences fortes, comme par exemple la lecture inaugurale de Claro ou son mot de la fin.

Dire enfin que les financeurs ont bien compris l’intérêt d’Écrivains en bord de mer puisque les rencontres sont soutenues par les trois collectivités territoriales (Ville de La Baule, Département de Loire-Atlantique et Région Pays-de-la-Loire) ainsi que par le CNL.

Dominique Panchèvre.

Un commentaire sur “La Baule – Écrivains en bord de mer, juillet 2013 (récit par Dominique Panchèvre)

  1. Merci cher Guénaël pour cet accueil qui permettra à tous ceux qui n’ont pu venir à La Baule de prendre la mesure de ces rencontres exceptionnelles.

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